Lubin BAUGIN (vers 1612 - 1663)


Dans le film d'Alain Corneau " Tous les matins du monde " sorti en 1991, le compositeur Sainte-Colombe (Jean-Pierre Marielle) rend visite à son seul ami, le peintre Lubin Baugin (Michel Bouquet).
Cet artiste, oublié par l'histoire, réapparaît en 1950 avec les études des spécialistes et une exposition à Orléans. Dans la revue " l'0eil " en 1963, Monsieur Jacques Thuiller, Professeur au Collège de France réhabilite le peintre en écrivant qu'il " reste l'artiste le plus charmant du grand siècle. " En 1962, cet éminent spécialiste découvre dans l'église d'Andrésy un superbe tableau et l'identifie comme une oeuvre majeure de Lubin Baugin : " l'Adoration des bergers " (ou des bergères). Cette peinture (158 x 168), retouchée par une paroissienne (!) " se trouvait reléguée dans la tribune d'orgues et y servait de tableau noir aux jeunes chanteurs de la chorale. Elle commençait à se détacher de son châssis et se voyait promise à une disparition rapide ou à une restauration non moins fatale... " Est-ce sa nomination en 1629 de " maître peintre " à Saint-Germain-des-Prés qu'est due la commande de ce tableau par le chapitre de Notre-Dame de Paris dont dépendait notre église ? On compare souvent Lubin Baugin au peintre italien Guido Reni. L'église possède justement une copie de Reni réalisée par Ludovic Lepic: " Saint-Michel terrassant le démon " .

La toile n'est pas signée, mais elle a formellement été attribuée à Lubin Baugin par arrêté préfectoral le 10 septembre 1963. On notera qu'ici le peintre renonce aux anges si fréquents dans pareille scène et se contente de l'Adoration des bergers et ... de deux bergères sur le devant du tableau. La tête du boeuf qui apparaît discrètement sur le côté, le panier d'oeufs apportent une note familière sans rien enlever au raffinement de l'ensemble. Enfin Baugin installe ses dix personnages dans un espace solidement structuré par deux massifs de pierre et une puissante colonne. Après une restauration très minutieuse, " l'Adoration des Mages " a été exposée en 1989 au musée Bossuet de Meaux, et a retrouvé sa place dans notre église au fond de la chapelle du monument aux morts.
Fabrice ROUSSEL (Le gué n° 13, 12/90)

 

Une nature morte au Musée du Louvre

Une belle conférence d'une heure sur Lubin Baugin


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