Ecole de filles, année 1958-59 - Institutrice et directrice : Mme Paradis
Classe de cm2 (14 élèves) et Fin d'Etudes
En arrière-plan, le chantier de la future école maternelle. Quatre photos de classe prises le même jour sont sur le site
Photo Denyse Lefebvre
De haut en bas et de
gauche à droite: Si vous pouvez compléter ces informations, contactez-nous... |
Une lettre publiée dans un livre de souvenirs d'écoles...
Chère Madame Paradis,
« Ecole de filles Andrésy (Seine-et-Oise)
1959, c’était l’année de ma communion solennelle
et j’allais enfin monter sur l’estrade dressée dans
le parc de la mairie pour la traditionnelle distribution des prix.
J’allais recevoir des félicitations officielles, les embrassades
de Monsieur le Maire et le prix si convoité et qui me semblait
si inaccessible. C’était un beau samedi d’été ;
je portais ma robe du dimanche pour cette première victoire
de l’enfant que j’étais, classée alors dans
la catégorie des médiocres. Pouvais-je imaginer, en entrant dans votre classe, vivre un retournement de situation alors que votre réputation de directrice d’école très sévère, et dont la voix se faisait souvent entendre, me faisait craindre le pire ? Mais je n’avais pas d’autre alternative : faute d’avoir été orientée vers la 6e (pour inaptitude), le passage dans la classe du certificat d’études s’imposait. J’entrais ainsi dans votre classe, honteuse, résignée, avec un carnet scolaire désastreux n’ayant jamais suscité le moindre encouragement. Puis tout a changé, je découvrais dès les premiers jours passés en première division de nouveaux plaisirs : apprendre, comprendre, approcher le tableau et lever le doigt sans crainte, croiser votre regard bienveillant et intéressé. Enfin j’intéressais, j’intéressais quelqu’un d’important dont la capacité d’évaluation était incontestable, et j’obtenais, à mon grand étonnement, de bons, de très bons résultats. Les choses ensuite sont allées très vite. Vous avez fait comprendre à mes parents que la bonne élève que j’étais devenue ne devait pas rester dans cette classe (que j’y étais bien, pourtant !) et qu’il fallait envisager une autre filière pour rattraper cette « erreur d’aiguillage ». La seule solution possible a été aussitôt adoptée et je suis ainsi entrée au collège Jean-Jaurès de Poissy, sans avoir jamais eu à le regretter. Aujourd’hui, je fais une modeste carrière de directeur
d’hôpital. J’aime mon métier et j’en
suis fière. L’aurais-je fait si je n’étais
passée « par erreur » dans votre classe et si je
n’avais eu, grâce à vous, cette révélation,
si vous n’aviez pris la peine de réviser certains jugements
? Françoise |