Julien Green

Dans "Partir avant le jour" (Jeunes années, autobiographie 1), Julien Green relate, entre autres, ses séjours d'enfance à Andrésy. Il décède à Paris le 13 août 1998 à l'âge de 97ans et est inhumé en Autriche dans une église.

Julien Green a vu le jour le 6 septembre 1900 à 10 heures du matin.
Dernier né d'une famille américaine de huit enfants, venu dans son enfance passer des vacances d'été dans notre village, c'est à l'église Saint-Germain d'Andrésy, accompagné de sa bonne, catholique, que ce protestant ira à la messe pour la première fois. Il aurait aimé y être inhumé, mais ce souhait ne pourra pas être exaucé. Son tombeau l'attend ailleurs... dans une chapelle autrichienne.
Académicien depuis 1971, animé par le goût de l'absolu, il continue d'écrire avec passion, discret et solitaire, dans son appartement au salon rouge sang et au couloir plaqué de mille livres, rue Vaneau, face à l'Hôtel Matignon.

 

Dans un de ses romans autobiographiques, "Partir avant le Jour", Julien Green revient sur ses souvenirs d'enfance à Andrésy, décrivant les maisons louées :

"La première, en 1909, au 36, boulevard de la Seine. C'était une petite maison meublée, meublée surtout de bibelots...car il y en avait partout...les pièces étaient sombres et un long jardin potager nous séparait du boulevard où ne passaient que rarement des voitures. On traversait la route, on faisait quelques pas sous une double rangée de tilleuls et un petit talus d'herbes descendait jusqu'à la Seine que je regardais avec émerveillement...De la berge où nous nous tenions, je voyais une île longue et magnifiquement parée de grands arbres. De temps en temps passaient des bateaux-mouches pleins de passagers qui agitaient gaiement la main en nous voyant .A d'autres moments, un mugissement plaintif annonçait un remorqueur. On attendait quelques minutes, puis le remorqueur arrivait enfin avec son long panache de fumée noire, et, comme le barrage n'était pas loin, poussait un cri sourd et mélancolique: autant de cris qu'il y avait de chalands derrière lui...venaient alors au bout d'une corde les admirables bateaux plats dont les quilles s'ornaient de noms charmants et mystérieux..."

"L'année qui suivit celle du boulevard de la seine, nous louâmes une maison située un peu plus loin, au numéro cinq Grand-Rue. Comme je la revois bien, cette maison carrée aux murs crépis de rose, avec son jardin et sa terrasse dominant la route qui longeait le fleuve" Julien green raconte ses amours enfantines pour une ravissante fillette d'Andrésy, "Marceline Valador", dont les parents étaient originaires d'Amérique du sud. Le jeune garçon lui rendait régulièrement visite et l'écoutait jouer du piano, jusqu'au moment où l'intervention de sa sœur Mary auprès de leur mère le priva de ces rencontres. Une des filles de John Edouard Johnson, l'industriel anglais qui acheta la maison de la belle Otero, se souvient de la famille: "Marceline Valador, la jeune fille aux yeux noirs, désigne Jacqueline Salvador qui se maria à un Italien et mourut il y a plusieurs années."

Il y revint le 2 décembre 1989 honorer de sa présence l'inauguration de l'Espace qui porte son nom.

Il est ici au côté de Marie Jane Pruvot maire d'Andrésy qui termine son allocution par ces mots : " Je me bornerai donc à vous dire simplement : merci ! Mais un grand merci de tout notre coeur et de toute notre émotion. Merci d'avoir fait entrer Andrésy dans la littérature universelle et merci de nous avoir donné votre nom glorieux..."

Prenant à son tour la parole, l'académicien s'exclama :"Tout ceci n'est pas un rêve ! J'avais l'impression d'être un enfant à qui l'on offre un cadeau considérable". Il évoqua quelques souvenirs de ses étés andrésiens, quand le petit garçon de huit ans passait ses vacances à regarder les péniches défiler sur la Seine, avec sa soeur Eléonore, et cette maison où il y avait tant de monde...
Le bonheur ne se raconte pas, les souvenirs restent."