Guy de Maupassant (1850-1893)

Il a publié une nouvelle qui se passe en partie à Andrésy : "Le modèle".
Publiée dans "Le Gaulois" du 17 décembre 1883, puis dans le recueil "Le rosier de Madame Husson" en 1888.
En voici un extrait :

 

"...Ils louèrent pour l'été une petite maison à Andrésy. J'étais là, un soir, quand germèrent les premières inquiétudes dans l'esprit de mon ami. Comme il faisait une nuit radieuse, nous voulûmes faire un tour au bord de la rivière. La lune versait dans l'eau frissonnante une pluie de lumière, émiettait ses reflets jaunes dans les remous, dans le courant, dans tout le large fleuve lent et fuyant. Nous allions le long de la rive, un peu grisés par cette vague exaltation que jettent en nous ces soirs de rêve. Nous aurions voulu accomplir des choses surhumaines, aimer des êtres inconnus, délicieusement poétiques. Nous sentions frémir en nous des extases, des désirs, des aspirations étranges. Et nous nous taisions, pénétrés par la sereine et vivante fraîcheur de la nuit charmante, par cette fraîcheur de la lune qui semble traverser le corps, le pénétrer, baigner l'esprit, le parfumer et le tremper de bonheur. Tout à coup Joséphine (elle s'appelle Joséphine) poussa un cri :
- Oh ! as-tu vu le gros poisson qui a sauté là-bas ?
Il répondit sans regarder, sans savoir :
- Oui, ma chérie..."


Lien vers le texte entier

 

Maupassant de passage à Andrésy...

Colette Dumas Lippmann, Geneviève Straus et Guy de Maupassant © Wikimédia

 

Souvenirs sur Guy de Maupassant par François son valet de chambre (1883 - 1893)

extrait ……

En exécutant ce travail de nouvelle installation dans sa chambre, Monsieur me raconte comment il a découvert Mme X... :

" C'était, me dit-il, au printemps de 1883, je passais à Andrésy, en yole bien entendu. Après avoir contourné l'île et donné un coup d'œil au barrage de Fin-d'Oise, je fis demi-tour et j'eus le désir d'aller, sur cette bande de verdure entourée d'eau, prendre un peu le frais et me reposer. J'accroche ma yole, je marche dans un fouillis de ronces. A cette époque, ce coin était encore un peu sauvage, aujourd'hui c'est aussi visité que la jatte.
Je me dirige vers un orme que je voyais garni très bas de petites branches me promettant un peu d'ombre. En approchant, je m'aperçois que la place est occupée. J'hésite... Est-ce un homme, est-ce une femme ? En passant à une petite distance, je reconnais que c'est une femme qui a un chapeau de canotier et un maillot. " Juste à ce moment, elle relève un fichu sur ses épaules, probablement parce qu'elle sentait la fraîcheur. Je suis fixé, cette dame lit un livre, là, toute seule. Cela me sembla drôle. Est-elle bien seule ? Là est la question. En me rapprochant un peu, je reconnais qu'elle lit "Une Vie" avec une attention dévorante.

Alors je me dis que cette particularité va faciliter les présentations. Je vais me promener sous la belle allée des tilleuls d'Andrésy. Vers les 6 heures, un quidam va, avec une barque, prendre la liseuse de l'île. Je suis le mouvement de près ; avec ce monsieur, d'autres couples prennent place à une table du restaurant Chantry (aujourd'hui groupement médical Giffard au 64, avenue de Fin d'Oise).

Je me fais servir à une table assez rapprochée pour bien la voir. " Le restaurateur me dit qu'elle est mariée au monsieur brun. Sur le moment, je suis un peu dépité, puis le tavernier revient m'apprendre qu'il croyait avoir entendu dire qu'ils devaient se séparer. " L'inconnue me parut jolie, de caractère espiègle, genre gamin de Paris. Alors je ne puis me défendre de réflexions mélancoliques à son sujet. Voilà deux êtres jeunes et beaux, ils sont déjà fatigués l'un de l'autre et vont être malheureux pour le reste de leurs jours. Quelle comédie que le mariage, tel que nous l'ont fait les conventions ! Ne serait-il pas plus simple et plus équitable de laisser deux êtres suivre la bonne nature et suivre la pente de l'instinct ? " Quelques semaines plus tard, j'étais lié avec cette société, qui adorait le bord de l'eau... " ……

Adepte du canotage en yole, Guy de Maupassant découvrit Bougival en 1873. Il séjourna plus tard à Poissy puis à Triel en 1889. Les boucles de la Seine l’inspirèrent. Il nous a laissé un poème à l’entrée du restaurant Fournaise de Chatou, illustré par un chien dessiné par Ludovic Lepic, petit fils du général Lepic.

 

Sous le pseudonyme de Maufrigneuse, Maupassant écrit dans le journal Gil Blas et y parle d'Andrésy de belle façon !

 

Il séjourna en 1889 à Triel en bord de Seine :


Ses liens amicaux avec Octave Mirbeau, écrivain ayant habité à Carrières sous Poissy de 1893 à 1898, à Triel de 1909 à 1917, se sont peu à peu distendus.
En savoir plus.

Pierre et Jean est le quatrième roman de Guy de Maupassant, écrit d'un seul trait durant l'été 1887.

film d'André Cayatte en 1943 avec Bernard Lancret, acteur andrésien.

 

Téléfilm tourné en 1973 à Andrésy, quai de l'écluse.

 

retour