L'île et ses guinguettes


Ce mot évoque le " ginglet ", un petit vin souvent aigre répandu en île de France. Cependant celui d'Andrésy avait bonne renommée. L'âge d'or des guinguettes se situe entre 1880 et 1938 grâce, notamment, à l'instauration du repos dominical obligatoire en 1906, puis aux avancées du Front populaire en 1936.

Concernant Andrésy, les " canotiers " commencèrent à arriver vers 1892, date de la construction de la ligne St Lazare-Mantes et principalement par le train de 7 heures. Le " Touriste ", un ancien bateau à vapeur publicitaire (Dubonnet, le chocolat Menier et Hunyadi Janós, vraisemblablement une pièce de théâtre sur ce héros hongrois) construit pour l'Exposition Universelle de 1900, amène les Parisiens amateurs de campagne, de pique-nique et de pêche et les ramène le soir. Sa capacité était de 150 personnes.

 

 

Les limites de pêche


1907

Les barrages à aiguilles contribuèrent, pour une bonne part, à la renommée d'Andrésy. En créant une retenue d'eau, les barrages favorisaient la vie des poissons donc la pêche en amont. C'est ainsi qu'aux quelques pêcheurs professionnels qu'Andrésy comptait, s'ajoutèrent de très nombreux amateurs qui s'équipaient et se restauraient dans les établissements des bords de Seine ou dans l'île. A titre indicatif, quand tous les bateaux étaient sortis, on en comptait 150, dont 35, dans les années 1925, à la famille Dupré.

 

Les guinguettes

L'île d'Andrésy comptait, avant la dernière guerre, une douzaine d'établissements dont : le restaurant Lefèvre (A Robinson), l'hôtel restaurant Claise, le Moulin Rouge (disparu en 1928), l' Hostellerie du Duc de Croz dirigée par Monsieur Crozier, Au Pêcheur Matinal (chez Dupré), chez Paul (actuelle Goëlette)…

Aujourd'hui, c'est le domaine des cabanes de l'île.

 

 


Photo 1917. L'établissement n'existe plus.

 


Disparu en 1928.

 


Disparu vraisemblablement à la construction du barrage actuel.

 


L'ancien établissement Chez Paul,
aujourd'hui La Goélette




Côté village

De plus, du côté village, on pouvait noter comme cafés et restaurants : l'Hôtel Bellevue avec sa magnifique terrasse (devenu la Crémaillère puis extension de l'office notarial), le grand Hôtel Nicolle (grand hôtel Oseray, Borne, puis La Civette, aujourd'hui laboratoire et résidence Le Village), la Maison Fouque à Denouval " au Rendez-vous des Pêcheurs ", l'Hôtel-restaurant Cochelin, le restaurant Laforge " Aux deux Amandiers " (disparu depuis) et le restaurant Dewez (le Balto actuel)…

 

LA " BANDE D'ANDRÉSY "

On ne s'ennuyait pas sur l'île d'Andrésy : d'élégants messieurs se disant marchands de chevaux ou commerçants accompagnés de jolies filles, faisaient de grandes fêtes principalement dans une maison flanquée de baraquements rouges. Les Andrésiens s'étaient bien rendu compte de ces allées et venues. Même le curé s'était ému de cette situation jusqu'à ce que la police intervienne et découvre une organisation de " Traite des Blanches " : des filles étaient amenées sur l'île où, habillées de neuf, elles menaient grande vie pendant quelques jours. Ensuite, prisonnières dans l'île, elles devaient se prostituer. Le préfet Lépine mit fin aux agissements de la " bande d'Andrésy " après une grande rafle dans un bar du faubourg Montmartre.

 

UNE HISTOIRE D'AMOUR

Camille Chartier était un pêcheur du dimanche à Andrésy. Il prenait ses repas au Grand Hôtel Nicolle où travaillait Claire Leguay, sa future épouse. Après leur mariage, ils fondèrent, avec l'un de ses frères boucher, le premier restaurant à Paris. Ce restaurant, d'un nouveau genre, offrait des repas à prix raisonnables : les bouillons Chartier étaient nés. Primitivement, les " Bouillons " étaient des restaurants où l'on servait presque exclusivement du…bouillon, cuit au moins 7 heures comme le recommandait A. Dumas. Après leur très grand succès, il reste plus qu'un dernier Bouillon rue du Faubourg Montmartre où la cuisine est devenue traditionnelle. La petite fille de Camille Chartier, Mme Février, demeurait à Andrésy, dans la très grande propriété du boulevard Noël Marc face au marché.

 

Les baignades