Vendanges à Andrésy

dessin de M. Lepère (gravure sur bois) L'illustration 1883

Un vignoble renommé depuis des siècles.

Avec 70 hectares de viticulture sur les coteaux d'Andrésy, la production moyenne se situait autour de 42 hectolitres/hectare, soit pour l'année 1898 une récolte totale de 2 940 hectolitres d'une valeur de 147 000 francs. Le rendement pour 1899 fut moins important, mais le vin de meilleure qualité grâce à l'ensoleillement exceptionnel des mois de juillet, août et septembre. Petit à petit, au cours des trois premières décennies du XXe siècle, la vigne sera remplacée par des vergers : cerisiers, pommiers, poiriers, pêchers,pruniers...

Un vignoble qui remonte sans doute à l'époque carolingienne, puisque le Chapitre de Notre-Dame de Paris avait déjà jeté à cette époque son dévolu sur un ensemble de terroirs dont celui d'Andrésy où les chanoines flairaient sans nul doute le développement de ce " sarmenteux grimpant muni de vrilles à fruits en grappe ". Mais si les vignerons du Moyen Âge, de l'époque du "Vert Galant" ou du siècle de Louis XIV, ne faisaient qu'utiliser des techniques multiséculaires consacrées par les ans, les tenants des abbayes et les chapitres des cathédrales allaient, pour leur part, assurer ou faire assurer la commercialisation du vin que produisaient leurs domaines.

Qui plus est, il semblerait que les viticulteurs locaux aient toujours procédé d'une idée constante dans leurs travaux agraires: un acharnement à produire bon pour gagner de nouveaux débouchés commerciaux non seulement sur les villages environnants, mais aussi à Paris et auprès des cabarets de plus en plus nombreux qui s'installaient hors des murs de la capitale. La consultation des archives départementales et la lecture de l'ouvrage de Marcel Lachiver "Vin, vignes et vignerons en région parisienne du XVIIe siècle au XIXe siècle" citent en effet bien souvent parmi les meilleurs vins celui issu des pressoirs andrésiens.

Une qualité qui semble faire tomber des espèces sonnantes et trébuchantes dans les escarcelles. Le vigneron est presque toujours propriétaire de sa maison, possède un jardin avec quelques appentis. Pour preuve encore, toujours selon Marcel Lachiver " la classe dominante, par le nombre, c'est toujours la classe des vignerons : à Andrésy, en 1740, ils tont 162 sur 294 taillables ". Tout au long des années, la qualité sera donc le leitmotiv pour les récoltes de ce terroir : l'Hôtel-Dieu d'Amiens achètera pendant les XVIIe et XVIIIe siècles des vins français, et ce sont souvent les mêmes noms qui reviennent : Andrésy, Argenteuil, Juziers.

Vignerons et fiers de l'être donc, surtout lorsqu'on se targue de recevoir les " Grands " sur ses terres, comme le 6 octobre 1766, date à laquelle " Monseigneur le dauphin et les princes ses frères sont venus aujourd'hui à Andrésy pour les vendanges selon leur coutume annuelle ". Morbleu! Les fils de Louis XV dans les celliers andrésiens! Une journée à marquer d'une pierre blanche.

Sous le règne de Louis XVI, peut-on lire, " des vignobles comme ceux d'Andrésy et Chanteloup, pour le blanc bien sûr, survivaient pour les palais délicats ". Et encore, " jusqu'à la fin du XIXe siècle, on ne pourrait expliquer la surprime des vins de Chanteloup et d'Andrésy s'ils n'étaient pas fabriqués plus soigneusement à partir de vendanges faites plus délicatement... les vins rouges d'Andrésy légers, peu spiritueux, mais agréables... A Andrésy, le vignoble admirablement entretenu, donne un vin dont la réputation comme vin de pays n'est plus à faire... D'ailleurs, à Andrésy comme à Chanteloup, les bourgeois de Paris viennent retenir leur vin six mois à l'avance... C'est là aussi qu'on trouve les plus belles caves, toutes postérieures au XVII siècle ". Un hommage continuel aux vignerons, gagés le plus souvent par des propriétaires urbains, dont on peut trouver la liste dans les archives départementales (C 17) d'après les impositions des six derniers mois de 1789 sur le rôle desquelles on en dénombre cinquante-huit, y compris le Chapitre de Notre-Dame de Paris, et possédant à eux tous quelque quarante hectares. Parmi eux, dix-huit bourgeois de Paris, de Saint-Germain et de Versailles, un banquier, un chevalier de Saint-Louis et quelques nobles venant au moment des vendanges participer avec des amis aux joyeuses libations coutumières.




Désigné par la X : Frédéric VELU.                     Petit enfant : Roger VELU                      Maintenu par son père : Hippolyte VELU fils de Frédéric

En bas
à droite : Marie Louise VELU (fille de Frédéric)                     à sa droite : Marie Désirée DESCARTES (épouse de Frédéric)
Puis Marie VELU 12 ans (petite-fille de Frédéric)              juste au dessus : Louise TIENARD (petite-fille de Frédéric)
à sa droite : Eugène TIENARD, son père, époux de Marie Louise VELU

 

Vendanges septembre 1896

Cette photo concerne Frédéric Désiré Velu et sa fille Marie Louise Velu, sœur aînée de Marie Hippolyte Velu, futur patron du bateau lavoir d'Andrésy. Son fils Roger Velu sera le premier Andrésien mort à la guerre en août 1914.

Une longue tradition de vigneron avec Gabriel VELU et son épouse Martine Dupuis née en 1600, vigneron à Chanteloup les vignes. C'est Frédéric Désiré Velu qui s'installera à Andrésy en 1855 lors de son mariage avec Marie Désirée DESCARTES...

Alfred Velu, le 3e enfant de Frédéric et Marie Désirée DESCARTES, était installé cultivateur à Conflans.

 

 

Ce vignoble rassemblait au début du siècle 57,89 hectares divisés en 1 557 parcelles pour 125 propriétaires, d'où une surface moyenne de 3,67 ares la parcelle. Par ailleurs, 55 parcelles seulement dépassaient 10 ares, alors que la plus grande au Clos des Courtayes (Les Coutayes de nos jours) réunissait 51,30 ares. Aussi, lorsque la menace phylloxérique se précisa à la fin du XIXe siècle, des syndicats de viticulteurs locaux et des villages environnants se préoccupèrent-ils des mesures à prendre.

Quand notre siècle avait dix ans, le phylloxera et les maladies cryptogamiques ont déjà fait reculer au fur et à mesure les ceps de vigne au profit des cultures maraîchères et fruitières. Il ne restera tout au plus que 650 ha de vignes (l'équivalent de la surface totale de la commune d'Andrésy) dans les années trente sur l'ensemble du département de Seine-et-Oise! L'une des plus ancienne vigne andrésienne était exploitée par la famille Robert, 2, rue du Cimetière. On pouvait la regarder sous les rayons de soleil de septembre du haut du vieux cimetière.

Petit à petit donc, malgré les louables efforts des viticulteurs pour maintenir, grâce à des cépages anciens, une qualité recherchée, le bourgeois de Paris ne dégustera plus le " petit blanc " d'Andrésy et le " ginglet " ne rafraîchira plus le palais des Andrésiens.

Extraits de "Andrésy, vingt siècles d'histoire"

 

La dernière vigne andrésienne

 

En 1991, la vigne est à l'honneur à Andrésy !

Les nouveaux noms de rues pour la ZAC du Clos des Barils ont été choisi après de patientes recherches de mots évocants la vigne.

- La voie principale reliant la rue du Cimetière à la rue des Courcieux sera la rue du Pleyon, longue paille utilisée pour lier la vigne.
- La voie secondaire reliant la rue du Pleyon à la rue des Barils sera la rue Barbantalle, nom d'un tonneau.
- La voie en impasse débouchant sur la rue des Barils sera la rue Marcotte, partie du sarment de vigne.
- La place à l'angle de la rue du Cimetière et la rue de l'Eglise sera la place Chantepleure, petit robinet de tonneau.


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