Comte Ludovic-Napoléon LEPIC
(1839-1889)
Ludovic-Napoléon, fils unique, est né à Paris en 1839, un an après le mariage de son père Louis Joseph Napoléon Lepic avec Antoinette Aglaë Favre. En 1855 (ou 1856), il entre au lycée Bonaparte (Condorcet) qui, pour son père, devrait le mener à Saint-Cyr. Selon l'autobiographie d'Ernest Lavisse, le lycée Bonaparte a alors la réputation d'accueillir des étudiants de bonne famille. Sans qu'on en connaisse la raison, il achève ses études à Caen où il obtient le baccalauréat. Son intérêt pour l'art se manifeste dès ces années, ce en quoi il est aidé par la position de son père, lui même collectionneur et connaisseur. Il s'intéresse aux maîtres hollandais, visite musées et collections privées. Son père lui fait même donner des leçons particulières par Gustave de Wappers, peintre du roi de Belgique. Il faudra toute la persuasion de ce dernier pour que le général autorise son fils à suivre les cours du peintre belge animalier, Charles Verlat, à Paris. De cette époque il nous reste la nature morte « Automne à Andrésy 1859 » (titre E.HERVE) premier tableau connu. A cette époque Verlat encourage ses expériences de gravure. En 1861, le comte Lepic s'est fait une raison, il installe son fils dans un atelier au Louvre. La même année, l 'éditeur Alfred Cadart achète et publie ses premières gravures (3 francs pièce). L'année suivante, il devient le plus jeune membre de la toute nouvelle Société des Aquafortistes.
C'est son oeuvre gravée qui lui vaut une reconnaissance précoce et même internationale (" For the poor " est publié à Londres). Il se livre à des expérimentations personnelles (les eaux fortes mobiles). En 1863, Lepic entre à l'atelier du peintre suisse Charles Gleyre. Son arrivée dans cette sorte d'antichambre de l'Impressionnisme est relatée dans la correspondance de Frédéric Bazille qui le considère alors comme son meilleur ami avec Monet. Ses autres condisciples s 'appellent Renoir et Sisley. Même si comme eux Ludovic Lepic n 'est pas indifférent à l 'émotion soulevée par le Déjeuner sur l'herbe de Manet, son but est alors, comme pour la plupart des artistes, de se voir accepté au Salon. Ce sera le cas pour trois de ses gravures. Ce succès conforte également ses choix, vis-à-vis de son père. En Janvier 1864, il entre à l'atelier Cabanel. Son
père est promu général, son oncle également
avec le commandement de la garnison de Fontainebleau. L'année suivante,
Ludovic épouse Joséphine Scévole de Barral. |
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Les séjours dans le château familial de son épouse, à côté de Chambéry, favoriseront sa passion pour l'archéologie et la préhistoire. En 1869, il devient membre de la Société d'anthropologie de Paris. C'est à cette passion qu'il réserve son temps, au lendemain de la bataille de Sedan où il est fait prisonnier. Il voyage (Naples, Pompéi), entreprend des fouilles dont il présente les résultats au congrès de préhistoire de Bruxelles (1872) et rend compte régulièrement de ses travaux à Mortillet. Il crée un musée qu'il dirige et enrichit jusqu'à sa mort à Aix-les-Bains. Il publie : "Armes et Outils préhistoriques". Entre 1869 et 1870, il lègue près de 200 objets ethnologiques au Musée des antiquités nationales de St Germain en Laye. D'une certaine manière, il est l'un des premiers promoteurs de l'archéologie expérimentale (1872, Les armes et les outils préhistoriques reconstitués). Toutefois, à partir de 1876, il interrompt son activité archéologique et disparaît des registres de la Société d 'Anthropologie de Paris.
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C 'est le temps du retour définitif à la peinture. Il revient régulièrement à Andrésy pour s 'y ressourcer. Il est l'auteur d'une copie d'un Guido Reni, St Michel archange terrassant le démon, exposé dans l'église d'Andrésy. C'est également le temps des choix. Depuis 1859 ou
1860, Lepic est intime de Degas. Avec lui et quelques
amis, il fonde en 1860 le Cercle de l'Union Artistique (également
nommé Les Mirlitons). Tous deux s 'intéressent aux chevaux
et aux courses (Lepic sert de modèle de cavalier à plusieurs
reprises), à l'Opéra, à la danse et aux ... danseuses.
Ils fréquentent tous deux la Maison
Fournaise et canotent sur la Seine à Chatou. |
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Actualité |
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On retrouve Lepic sur de nombreuses oeuvres de Degas, dont
Ludovic
Lepic et ses Filles (1870), coll. Bührle, Zürich, volé
en février 2008 et retrouvé en Serbie en mars 2012
et surtout, un émouvant dernier portrait en compagnie de son chien
(1889, musée de Cleveland). |
Pendant ce temps Ludovic Lepic domicilié à Andrésy, est entraîné par son ami Degas dans l'aventure impressionniste.Ami de Berthe Morisot, il fréquente les avant-gardistes qu 'il rencontre au café de la Nouvelle Athènes, place Pigalle. Avec Morisot, Monet, Renoir Cézanne,Pissarro, Lepic est l'un des 16 signataires de la charte fondant l'association qui monte l'exposition de 1874. Il participe encore à la seconde exposition de 1876. Sa place au milieu des impressionnistes est justifiée par son procédé dit de : « l 'eau forte mobile », qui en fait le premier graveur impressionniste au monde. | ||
L 'exposition de 1876 marque la fin du flirt impressionniste. Ludovic souhaite exposer dans les Salons officiels où il est demandé et reconnu. Lors de l 'été passé à Cayeux, en 1874, Lepic achète un bateau. A l'aide de celui-ci, comme l'indique P. Billaudaz, ou, plus prosaïquement par le chemin de fer, Ludovic Napoléon Lepic arrive à Berck en 1877. A compter de cette date, il expose des marines lors de chacune de ses participations aux salons. Son atelier de Berck est signalé par un mât, agrémenté d'un pavillon frappé de deux L et d'une couronne de comte ainsi que d'un symbolique panier percé. Nous pouvons compléter l'observation émise par René Delorme en 1879 dans la « vie Moderne » qui disait que Lepic avait 3 ateliers un à Paris, un à Berck et un à la mer, il en avait aussi un quatrième à Andrésy. Salon de 1877, médaille de 3ème classe, en France on peut voir ses toiles dans les musées d 'Amiens, Lille, Nantes, Reims, Avignon, Berck, Bordeaux. etc, et à l'étranger Cleveland , San Francisco USA, Angleterre etc..... En 1879, 35 oeuvres et en 1881, une centaine de toiles sont présentées à la Galerie la Vie Moderne, c'est enfin le succès et la reconnaissance, il voyage rédige des articles pour le figaro et écrit un journal de voyages "La dernière Egypte".
En 1883 c'est pour lui l'apothéose, le musée des Arts décoratifs lui consacre une vaste exposition au Palais de l'industrie il présente 150 pièces dont « Andrésy au XIIème siècle ». Ce tableau est malheureusement introuvable. Le 30 septembre de cette même année il est nommé « peintre officiel de la Marine » Un aspect de la vie de Ludovic à cette époque nous est admirablement raconté par Georges Jeanniot 1848-1834 :
Lepic dessina et créa les costumes
pour cinq opéras montés à Garnier en 1885/1886, en
août 1885, le casino de Paramé présenta « les
jumeaux de Bergame » avec entre autre pour interprètes Mlle
Sanlaville tendre amie de LEPIC et Mlle BIOT tendre amie de DEGAS Edgar Degas avec l’aide de Ludovic-Napoléon Lepic,
Le Maître de ballet, v. 1874-1876 Monotype rehaussé à la craie blanche
ou détrempe, 565 x 700 (plaque).
Grand amateur de chiens, c 'est aussi à Andrésy qu'il logeait et élevait sa meute. Très peu de temps avant sa fin, DEGAS dans une lettre lui demande : « un chien qu'il pourrait offrir à Mary Cassatt, c'est un chien jeune, tout jeune qu'il lui faut ». LEPIC décéda brusquement au domicile de Marie Sanlaville le 27 octobre 1889. Il est enterré aux côtés de son grand-père dans le caveau de famille d 'Andrésy. Avec Berthe MORISOT à Maurecourt et Ludovic LEPIC à Andrésy, le canton peut s'honorer d'avoir participé à ce mouvement fondamental et révolutionnaire pour l'Art. Evelyne HERVE Sources : T. Zimmer, G. Dilly, JG.Bertauld Exposition
Lepic à Berck |