Louis LEPIC est né à Montpellier le 20 septembre 1765. Neuvième
enfant d'une famille de treize, il s'engage à seize ans dans les dragons. Il
profite de la Révolution et de la guerre pour faire une très rapide ascension
: il est chef d'escadron dès mars 1793 et se bat contre les Vendéens,
est blessé à Montaigu. Passé à l'armée d'ltalie en 1796, il se distingue
à plusieurs reprises par son courage, est plusieurs fois blessé.
En garnison en Italie jusqu'en 1805, il est nommé colonel major des grenadiers
à cheval de la garde impériale après Austerlitz, fait les campagnes de
Prusse et de Pologne, est grièvement blessé à Eylau, ce qui lui vaut
d'être promu général de brigade.
Et Lepic quelle sacré figure ! Le vélite Billon le voit à Eylau, superbe et
colossal, exubérant de valeur, de force et d'audace. Lepic, c'est l'homme de
la charge éblouissante des grenadiers à cheval, pendant la bataille d'Eylau.
Evoquons-la, cette charge fameuse et tentons d'imaginer la scène qui se joue...
Sous la neige qui tombe avec abondance, hommes et chevaux sont immobiles.
Les chevaux sont noirs. Leurs cavaliers, qui portent le bonnet d'ourson avec
jugulaire de cuivre, sont revêtus d'un long manteau blanc. Dans leurs mains,
ce sabre si élégant qui n'appartient qu'à eux. Le jour d'Eylau, le régiment
est placé sous les ordres de son colonel major, Lepic. les boulets russes qui
se fraient sans difficulté un chemin au milieu des flocons, enlèvent hommes
et bêtes. Malgré un courage, dont c'est un lieu commun de dire qu'il est légendaire,
quelques cavaliers se courbent sur l'encolure de leur cheval. Soudain, une voix
s'élève, dominant le fracas. C'est Lepic qui hurle: " Haut les têtes, la mitraille
n'est pas de la merde ! " La charge suit de peu ces vigoureuses paroles. Les
grenadiers à cheval bousculent l'infanterie russe, mais, perdus dans la tourmente
de neige, se retrouvent cernés. Un officier russe se détache et, courtoisement,
prie Lepic de se rendre. L'autre le regarde, piqué au vif: " Regardez-moi ces
figures-là [certaines versions mentionnent le substantif plus incisif de "gueules"]
si elles veulent se rendre ", et sabre pointé, suivi de ce qui lui reste de
cavaliers, Lepic se taille un sentier rouge jusqu'à l'Empereur. Celui-ci le
salue du nouveau grade qu'il vient de lui conférer : " Je vous croyais pris,
général, et j'en avais une peine très vive. "
- Sire, répond Lepic, vous n'apprendrez jamais que ma mort!
Cette fois, il n'en était pas passé très loin: quand il salua Napoléon, Lepic
était presque dépouillé de ses vêtements; il n'avait plus qu'une botte et le
sang ruisselait par de multiples blessures. Le soir, le nouveau général reçut
cinquante mille francs de l'Empereur que impérialement, il distribua à ses grenadiers
survivants. Faut-il nous étonner que Billon, à qui nous devons la relation de
la scène, se soit exclamé : " Il faisait un superbe sujet de tableau. "
J.C Damamme : Les soldats de la Grande Armée (Perrin 1998)
Dès son retour d'Eylau, en janvier 1808, il s'installa à Maurecourt.
En 1809 il épousa la fille du maire P.J. Geoffroy qui quitta la mairie
de Maurecourt pour devenir maire d'Andrésy jusqu'en 1816. Ses
enfants, (tous des garçons) sont nés à Maurecourt, sauf Jacques Félix Auguste
qui est né à Andrésy chez ses grands parents.
Promu capitaine-général après Wagram, ce fut ensuite l'Espagne
sous les ordres de Murat et du roi Joseph. Il fut fait baron de l'Empire
en mai 1809. Puis, il accompagnera la Garde impériale pendant la campagne de
Russie. Nommé général de division en 1813, il commanda à ce titre le
2ème régiment de la Garde d'honneur pendant la campagne de Saxe et celle
de France qui s'achèvera par la défaite de Napoléon et l'entrée des Alliés dans
Paris le 30 mars 1814.
Louis XVIII le fit comte en janvier 1815.
En 1824, il était maire de Maurecourt. A la suite
du décès de son beau-père, il se retira à Andrésy
dans la propriété familiale qui porte son nom (2, avenue d'Eylau)
et y habita jusqu'à son décès le 7 janvier 1827.
Les communs
de cette ferme seigneuriale englobaient la propriété appelée aujourd'hui "Le
manoir" et transformée récemment en appartements ou pavillons.
Dans son parc, le général avait fait planter six sapins sur deux rangs
représentant les amis ayant combattu avec lui à Eylau : Napoléon, Davout, Augereau
sur la première ligne et, sur la seconde, Soult, Murat, et Lefebvre.
Son nom est inscrit sur le côté-est de l'Arc de Triomphe à Paris.
Une rue de Paris, dans le quartier de Montmartre, porte son nom : rue Lepic.
Lors du retour des cendres de Napoleon en décembre 1840, après la halte de Poissy, le bateau la Dorade est passé devant le château Lepic à Andresy. Il fut salué par la famille Lepic et les Andresiens...
On peut voir au cimetière d'Andrésy le mausolée de la famille Lepic où
fut inhumé ce brillant militaire en compagnie de neuf membres de sa famille.
Deux anciens compagnons d'armes ont voulu être enterrés à ses côtés : le général baron Dufresse et le soldat Jean-François Baullier décédé à Andrésy le 30 décembre 1841 (parfumeur à Paris en 1808 ?).
La
famille Lepic |
Son frère Joachim
Hyppolite Lepic (1768-1835), colonel, Maréchal de camp,
baron d'Empire, fut maire d'Andrésy en 1830. Le fils
de ce dernier, Charles Philippe
Adolphe Lepic, sera préfet.
Ses fils :
- Louis Joseph Napoléon Lepic (1810-1875)
fut député de Seine et Oise, général de brigade
et aide de camp de Napoléon III. Il sera propriétaire du chateau
du Faÿ de 1853 à 1861. Il est enterré à Andrésy.
- Jacques Félix Auguste Lepic
(1812-1868), commandant de l'escadron des Cent-Gardes en 1854, général
de brigade en 1865 est enterré à Andrésy
- Antoine
Joachim Hippolyte Lepic (1811-1840), capitaine de spahis, décédé
en Algérie est enterré à Andrésy.
Les
autres sont morts en bas âge.
Son petit-fils Ludovic
Napoléon Lepic (1839-1889) artiste-peintre, graveur et
archéologue, eut pour amis Monet et Degas. Il exposa aux deux premières
expositions impressionnistes et fonda le musée d'Aix-les-Bains.
A l'occasion
du bicentenaire de la bataille d'Eylau,
une exposition "les Lepic à Andrésy : du
sabre à la palette" a eu lieu à l'Espace
Julien Green d'Andrésy du 15 au 22 septembre 2007.
Une splendide
BD sur Eylau est sortie aux Editions Delcourt : Souvenirs de la Grande
Armée "1807 - Il faut venger Austerlitz".